Trepalium, la nouvelle série d’anticipation d’Arte

Quand Arte décide de surfer sur la vague des dystopies (Hunger Games, Divergente, Black Mirror…), il en sort cette intéressante mini-série de 6 épisodes abordant la question de la place du travail dans notre société.
Mais Trepalium concrètement, ça parle de quoi ?

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Dans un futur proche, alors que 80% de la population est sans emploi, un mur sépare depuis des années maintenant les actifs vivant dans la Ville et les inactifs survivant dans la Zone.

Pour calmer les tensions qui ne cessent de monter au sein des « zonards », attisées notamment par les activistes, le gouvernement lance un projet inédit : 10 000 emplois seront créés en Ville pour des « zonards » faussement tirés au sort. C’est la mesure « Emplois Solidaires ».

C’est ainsi qu’Izia, née du mauvais côté du mur où elle tente de survivre au quotidien avec son fils, se retrouve à travailler en Ville en tant que Solidaire…

Difficile de ne pas être intrigué par Trepalium quand l’augmentation du chômage figure parmi les principales préoccupations de notre société. Mais cette série d’anticipation sociale ne se limite pas à imaginer les effets désastreux d’une explosion du chômage, sa critique va plus loin et se pose notamment sur le capitalisme à outrance (pouvoir des investisseurs sur les politiques, recherche de productivité, pression croissante pesant sur les salariés au détriment de leur bien-être, etc.).

En valorisant les « actifs » et méprisant les « inactifs », la société dépeinte par la série soulève également une problématique identitaire. Peut-on être défini par ce que l’on fait professionnellement (ou ce que l’on ne fait pas) ? Une question qui a du sens puisque aujourd’hui déjà il arrive d’être jugé par rapport à son activité.

En termes d’esthétique et de réalisation, l’univers un peu kitsch de Vincent Lannoo nous rappelle sinistrement le monde bâti par George Orwell dans 1984.

« L’ultralibéralisme poussé à l’extrême, dans un univers cloisonné, (…) pour moi cela s’est associé de manière naturelle à un imaginaire qui tournait autour de la régression. L’esthétique rétro-futuriste de la série fait écho à cette régression : les décors, les costumes, les accessoires, les vieilles voitures. On a regardé comment certains architectes du passé, des années 30 aux années 80, comme Le Corbusier, Oscar Niemeyer ou Ricardo Bofill, avaient imaginé l’avenir. »

Le jeu des acteur accentue encore tout cela. Les habitants de la Ville semblent déshumanisés, émotionnellement bridés par un système abject qui se veut idéal et qui utilise le travail et la peur du chômage pour les asservir.

Leurs comportements en sont pervertis, parfois jusqu’à l’absurde, comme lors de cette scène où Ruben, après avoir vu son supérieur s’effondrer mort dans un couloir de l’entreprise, prend son téléphone pour appeler sa hiérarchie et dit : « Mon directeur est mort, j’aimerais postuler ».

On regrettera juste certaines scènes qui sonnent faux à cause de ce manque d’émotion trop appuyé. Du côté de la Zone ce n’est pas toujours mieux et les activistes par exemple manquent de crédibilité.

Mais si l’originalité de Trepalium séduit par rapport aux séries françaises auxquelles nous sommes habitués, son principal défaut se trouve au niveau du scénario qui présente de sérieuses lacunes.

Au fil des épisodes, les personnages et éléments d’intrigues se multiplient, la série se veut sur tous les fronts alors que son format ne lui permet pas de traiter tous ces sujets. Plutôt que de choisir ses combats, Trépalium aborde les choses très superficiellement et au final, tout le potentiel de la série n’est pas exploité. c’est d’ailleurs frustrant pour le téléspectateur qui n’obtient pas toutes les réponses qu’il espérait.

La fin ambigüe de la série apporte aussi son lot de confusion et suppose presque une saison 2, qui on le sait, ne verra pas le jour…

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Verdict ?
3,5/5 Pas mal.

Le scénario, trop ambitieux pour le format très court de Trépalium, laisse à désirer mais cette série française atypique reste tout de même intéressante et agréable à regarder.


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